Samedi 3 décembre 2011
Asile Des associations d’aide aux jeunes menacent d’assigner l’Etat
Jamais les mineurs étrangers non accompagnés (Mena) n’auront été aussi nombreux en Belgique. Ils étaient 1.291 fin septembre 2011 contre 896 en 2010 et 384 il y a cinq ans à peine. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à se retrouver livrés à eux-mêmes dans la rue ou dans des hôtels. Ils sont deux cents dans les hôtels, et les associations bruxelloises d’aide en milieu ouvert (AMO) estiment qu’une centaine vivent dans des squats.
La crise de l’accueil touche durement ces jeunes. « Ceux qui demandent l’asile se voient attribuer un hébergement inadéquat dans des hôtels, sans accompagnement social et pédagogique adapté à leur âge. Les autres sont exclus du réseau d’accueil de Fedasil », dénonce Charlotte van Zeebroeck, coordinatrice du projet Menamo, qui regroupe notamment douze services d’aide en milieu ouvert.
En mettant ainsi ces mineurs en danger, la Belgique ne respecte pas la Convention des droits de l’enfant. Le problème n’est pas neuf, mais il épuise les associations qui tentent de venir en aide à ces jeunes.
La toute grande majorité des Mena présents en Belgique sont des Afghans, des Guinéens et des Irakiens. Les Afghans sont majoritaires à Bruxelles. Ce sont surtout des garçons âgés de 15 à 18 ans. Ils sont quasi tous demandeurs d’asile et donc en principe mieux protégés que les autres. Mais il leur faut attendre, dans les hôtels, que l’Office des étrangers s’assure de leur âge par un examen osseux, que l’on vérifie leurs documents d’identité puis que le service de tutelle leur attribue un tuteur. Cela peut durer quelques semaines mais parfois aussi quelques mois. Pendant cette période, ces jeunes restent seuls, sans accompagnement éducatif. Ceux qui ne sont pas demandeurs d’asile sont tout simplement abandonnés.
« A l’hôtel, il y avait des gens de Fedasil qui venaient apporter des chèques-repas, le mercredi, raconte ce jeune Algérien. On recevait six euros par jour. Pendant la journée, il n’y avait rien d’autre à faire que d’attendre que le temps passe. »
Le « job » du Fédéral
Les AMO comblent comme elles peuvent les lacunes des pouvoirs publics. Certaines offrent un hébergement de très courte durée, de quoi manger et laver le linge. Mais officiellement, l’aide à la jeunesse ne prend pas les Mena en charge. Pour la Communauté française, ils dépendent du fédéral.
En dehors des AMO, les autres associations d’aide à la jeunesse ne se bousculent pas pour les héberger. « C’est un public qu’elles jugent trop difficile, trop différent de celui qui leur est confié par le juge de la jeunesse. Les Mena font un peu peur », constate Charlotte van Zeebroeck. Si elles le font, c’est contraintes et forcées. Lorsque le parquet de la jeunesse le leur ordonne. Les jeunes qui vivent dans la rue, sans moyens de subsistance, n’ont souvent d’autre possibilité que voler, constate la coordinatrice de Menamo. S’ils se font prendre, ils seront envoyés vers des structures d’accueil.
Face à cette absurdité et au constat qu’aucun changement dans l’accueil des Mena n’intervient depuis plus de deux ans, les associations envisagent d’agir en justice contre l’Etat dès janvier 2012. Avec peut-être l’espoir de ne pas en arriver là et de voir un gouvernement de plein exercice réagir enfin.
Article co-signé par Vanessa Lhuillier et Martine Vandeleulebroucke
Cliquez ici pour accéder à l’article en ligne sur le site du Soir.
Pour plus d’information sur le projet Mena chez SOS Jeunes-Quartier Libre cliquez ici
Contact et informations auprès de l’équipe de l’accueil 24h/24 contact@sosjeunes.be
Contraction de l’expression anglaise Not in Education, Employment or Training (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire), l’acronyme NEET désigne les jeunes de 15-34 ans, célibataires, qui vivent chez leurs parents, ne travaillent pas et ne recherchent pas d’emploi.
Vous imaginez aisément que, sans projet de vie, le jeune NEET n’a pas des dizaines de perspectives à long terme : on perçoit aisément les difficultés qui vont commencer à se présenter graduellement si le jeune ne parvient pas à sortir de ce « statut » qui
n’en est pas un. Les instituts de statistiques et les gouvernements ont commencé à s’intéresser à ce phénomène des NEET, car les autres données (telles que le taux du chômage ou le pourcentage de réussite des études ou même des échecs) ne rendent absolument pas pleinement compte de la situation des jeunes. Sans entrer dans les détails, on sait que la proportion de NEET chez nos jeunes a une furieuse
tendance à augmenter.
Les équipes de SOS Jeunes – Quartier Libre connaissent bien cet engrenage qui fait, petit à petit, qu’un sorti de l’école s’enlise. Plus de formation, pas d’emploi, pas de stage, il se replie sur lui et se démotive. On en vient ensuite à la dégradation de sa propre image et à la désaffiliation. On se doit d’agir en amont afin d’éviter de tomber dans l’engrenage des NEET. Parce que le néant n’a pas, soyons honnête, beaucoup d’avenir. Le projet « Un jour, demain ! », de notre Antenne ixelloise Quartier Libre, vise notamment à informer les jeunes de ce qui est possible après l’école. Il s’adresse à un public particulier qui est constitué de jeunes de sixième année de l’enseignement spécial. Que se passe-t-il après l’école ? Comment entrer dans la vie active ? Un DVD reprend des témoignages d’aînés, connus des jeunes, qui racontent leur parcours… Une série de témoignages qui doivent permettre aux jeunes de prendre leur propre envol, une fois l’école quittée.
Amicalement à vous !
1er janvier 2019